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Piqure de moustique

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Signes et symptômes

Les piqures de moustiques sont un problème courant qui touche la majorité de la population québécoise. Certaines protéines contenues dans la salive des moustiques peuvent engendrer une réaction locale, souvent bénigne, se traduisant par une papule avec inflammation et démangeaison. L’inflammation locale apparait en moins de 20 minutes, alors que la démangeaison et les papules (réaction de type IV) sont à leur maximum après 24 à 36 heures et disparaissent généralement après 7 à 10 jours. Contrairement aux piqures ou morsures de certains autres insectes, la piqure de moustique n’est pas douloureuse.

 

Dans certains cas, une piqure de moustique peut se compliquer et entrainer une réaction locale sévère ou encore une réaction systémique, tel qu’un urticaire généralisé ou l’anaphylaxie. L’infection des tissus mous ou superficielle (cellulite, impétigo) est aussi une conséquence possible. À noter que les moustiques sont aussi des vecteurs de plusieurs maladies (malaria, zika, etc.).

 

Réaction locale sévère et infection des tissus mous

Chez certaines personnes, souvent les enfants et les patients immunodéprimés, la réaction peut prendre plus d’ampleur et s’étendre sur la région entourant la papule.  On peut même voir apparaître des ecchymoses, des ampoules ou des vésicules. Ces réactions sévères peuvent être accompagnées de fièvre ou de malaise. La réaction se reproduit généralement pendant quelques étés chez la même personne, mais finit par s’estomper par elle-même avec le temps. La référence médicale est rarement requise, mais elle peut être nécessaire selon la sévérité de la réaction.

 

Il est important de distinguer une réaction locale sévère d’une infection secondaire à la piqure de moustique en portant une attention particulière à l’histoire et l’évolution des symptômes. Les symptômes se ressemblent beaucoup, mais la procédure à suivre n’est pas la même. La réaction sévère se manifeste généralement après quelques heures, alors que l’infection prend typiquement quelques jours à apparaître. Si une infection est suspectée, une référence médicale est requise dans les plus brefs délais.

 
 

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Mises en garde

 Réaction anaphylactique  

 Infection  

  Urticaire papuleuse sévère  
 
 

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Traitements

Le traitement pharmacologique vise principalement à diminuer les démangeaisons dues à la réaction locale. On retrouve peu d’information entourant le traitement des piqures de moustiques dans la littérature.
 
 
Voici une revue des différents traitements disponibles en vente libre.
 
 
Traitements des piqures de moustique

Corticostéroïdes topiques

Malgré qu’ils n’ont pas été étudiés spécifiquement pour cette indication, les corticostéroïdes topiques sont recommandés en tant qu’agent de première ligne pour réduire l’inflammation et la démangeaison secondaires aux piqures de moustique. Leur utilisation dans le traitement des réactions allergiques est assez bien documentée et répandue en pratique.

 

Les corticostéroïdes topiques sont souvent suffisants dans les cas faibles à modérés. Cependant, ils peuvent aussi être combinés aux antihistaminiques oraux si nécessaire.

 

Ex : Hydrocortisone 1% cr.

  • Posologie
    • app. locale BID à TID PRN
  • Effets secondaires
    • Bien toléré si utilisé sur une courte période et en couche mince
  • Précautions
    • Grossesse et allaitement
    • Grande surface d'application (attention enfants)
    • Utilisation sur une peau mince
    • Utilisation sur une peau lésée (ex : peau endommagée à cause du grattement)
  • Contre-indications
    • Présence d’infection

Prévention

Les insectifuges peuvent être appliqués directement sur la peau afin d’offrir une protection contre les piqures de moustique. Ils ne sont pas efficaces contre les abeilles, les guêpes, les frelons et les fourmis. On recommande généralement le DEET et l’icaridine en première ligne, puis les produits à base de PMD en deuxième ligne, puis les autres insectifuges en dernière ligne.

 

Divergences dans les recommandations en pédiatrie

L’American Academy of Pediatrics recommande l’utilisation du DEET et d’icaridine chez les enfants âgés de plus de 2 mois. C’est aussi la position du CDC. Cela dit, les recommandations ne sont pas les mêmes au Canada. En effet, Santé Canada n’a pas évalué l’utilisation des insectifuges chez les enfants < 6 mois et recommande au lieu des mesures non pharmacologiques.

 

Application des insectifuges

  • Appliquer une quantité suffisante pour légèrement couvrir la peau.
  • Appliquer seulement sur la peau exposée et non pas en dessous des vêtements.
  • Ne pas utiliser sur une peau lésée.
  • Ne pas appliquer sur les mains des enfants, puisqu’ils vont inévitablement se toucher les yeux ou la bouche par la suite.
  • Appliquer la crème solaire avant l’insectifuge.
  • Appliquer le produit dans un endroit ventilé et loin des aliments.
  • Laver le produit avec de l’eau et du savon lorsque la protection n’est plus nécessaire.
  • Pour l’application sur le visage, il faut d’abord vaporiser sur les mains, puis appliquer une petite quantité sur le visage.
  • Éviter les produits combinant un insectifuge et une protection solaire, puisque la crème solaire doit souvent être appliquée plus fréquemment que l’insectifuge.

 
Voici une revue des produits disponibles en vente libre.
 

Prévention des piqures de moustique

DEET

Le DEET est en quelque sorte l’insectifuge standard. Il est efficace contre les moustiques, les tiques, les mouches et les puces. Il est assez bien toléré et les quelques effets secondaires rapportés sont dus à des expositions ou absorptions excessives du produit. Le DEET n’est pas carcinogène. Il peut cependant endommager le plastic et les fibres synthétiques.

 

Les complications possibles d’une intoxication au DEET sont, entre autres, la dermatite de contact et la toxicité neurologique, dont l’encéphalopathie, l’absorption étant plus significative en pédiatrie. Cependant, ce risque est très faible si le DEET est utilisé tel que recommandé.

 

Le DEET doit être utilisé à une plus faible concentration en pédiatrie, ce qui diminue sa durée d’action. Pour cette raison, l’icaridine est l’agent de choix pour les enfants.

 

Icaridine

L’icaridine est efficace contre les moustiques et les tiques. Pour les piqures de moustique, l’efficacité de l’icaridine à concentration élevée (ex : 20%) serait équivalente au DEET jusqu’à 5 heures après l’application. Pour les tiques, dans une étude, l’efficacité était semblable seulement jusqu’à une heure après l’application, et le DEET 20% était plus efficace par la suite. L’icaridine est cependant beaucoup mieux tolérée que le DEET : pas d’odeur, pas gras, pas visqueux ou collant. Elle n’irrite pas la peau et ne décolore pas les fibres synthétiques ou le plastique. Il n’y a pas de toxicité rapportée si utilisé tel que recommandé.

 

L’icaridine est l’agent de choix chez les enfants âgés entre 6 mois et 12 ans étant donné sa longue durée d’action comparativement au DEET 10%.

 
 

Tableau 1 : Application des insectifuges
PédiatrieAdulte
DEETEnfants < 6 mois : Ne pas utiliser selon les recommandations canadiennes.
Entre 6 mois et 2 ans : DEET 10% ou moins, une app. maximum DIE.
Entre 2 et 12 ans : DEET 10% ou moins, une app. maximum TID.
> 12 ans : DEET 30% ou moins, une app. TID maximum.
Icaridine< 6 mois : Ne pas utiliser selon les recommandations canadiennes.
> 6 mois : voir recommandations adultes
Une application BID
PMD< 3 ans : Ne pas utiliser selon les recommandations canadiennes.Une app. maximum BID
Huile de soyaVoir recommandations adultesPas de restriction n’existe quant à sa fréquence d’application et l’âge du patient.
Mélange d’huiles essentielles< 2 ans : Ne pas utiliser selon les recommandations canadiennes.Suivre les recommandations de la formulation en question.

 
 

Tableau 2 : Durée d’action des insectifuges *
Durée d’action moyenne contre les moustiques**
DEET 5%2 heures
DEET 10%3.5 heures
DEET 15%5 heures
DEET 20%5.5 heures
DEET 30%6.5 heures
Icaridine 10%5 heures
Icaridine 20%7 heures
PMD 10%2 heures
Huile de soya 2%3.5 heures

*Il ne faut pas se baser sur la durée d’action mentionnée sur les emballages des produits commerciaux. Ces valeurs ne prennent pas en compte plusieurs variables, comme la sueur, les espèces de moustique et la quantité de moustiques. De plus, elles ne reflètent pas la période réelle durant laquelle l’insectifuge confère une protection complète.

**La durée d’action des produits varie selon en fonction de l’insecte. Par exemple, il est possible que la protection contre les tiques soit plus courte.

 
 

LES INSECTICIDES
 
Perméthrine
La perméthrine cause une toxicité directe au système nerveux central des insectes. Le produit ne peut être appliqué directement sur la peau et doit plutôt être appliqué sur les vêtements, les moustiquaires ou les accessoires de camping. On suggère de vaporiser les deux côtés des vêtements 24 à 48 heures avant l’exposition, et de les laisser sécher pendant au moins 30 à 45 secondes avant de les porter. Une application offre une efficacité pendant au moins deux semaines ou six lavages. Si le risque de piqure de moustique ou de tique est élevé, une combinaison d’insectifuge (ex : DEET) et de perméthrine peut être envisagée.
 
 

LES AUTRES MÉTHODES
 

Vitamine B1
Certains rapportent que l’utilisation de vitamine B1 à haute dose pourrait prévenir les piqures de moustiques en masquant l’odeur naturelle du corps. Cependant, il n’y a présentement pas de données scientifiques supportant l’utilisation de la vitamine B1 pour cette indication. D’ailleurs, certaines études de petite envergure auraient prouvé l’inefficacité de la supplémentation en vitamine B dans la prévention des piqures de moustique. Il n’y a présentement aucune vitamine ou supplément oral qui n’a été prouvé efficace pour la prévention des piqures de moustique.
 

Bracelets
Les bracelets imprégnés d’insectifuges ou d’insecticides ne sont pas efficaces.
 

Dispositifs émettant des ondes sonores
Pas de données d’efficacité jusqu’à présent.
 
 

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MNPs

    Traitement

    • Laver le site de la piqure du moustique avec de l’eau et du savon.
    • L’application du froid permettrait de réduire l’inflammation.
    • Avoïne colloïdale PRN

    Prévention

    • S’assurer d’être à l’abris des moustiques durant le sommeil. Si cela est impossible, utiliser une moustiquaire ou d’autres barrières physiques.
    • Couvrir les parties accessibles aux moustiques. Porter des souliers au lieu des sandales, des pantalons au lieu de shorts, un chandail à manches longues au lieu d’un T-shirt. Rentrer le chandail dans le pantalon et les pantalons dans les chaussettes.
    • Favoriser le port des vêtements de couleur pâle, qui attirent moins les moustiques que les couleurs foncées.
    • Éviter les parfums.

     
     

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    Suivi

    Étant donné que les piqures de moustiques sont souvent sans complications, le suivi peut être omis dans cette situation. Une référence médicale est requise si les symptômes persistent ou s'il y a présence de complications.