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Infections vaginales

Signes et symptômes

Environnement vaginal d’une femme en santé :

Il est tout à fait normal pour une femme d’avoir des sécrétions vaginales de façon régulière. En effet, ces sécrétions évoluent en fonction du cycle menstruel : l’apparition de sécrétions blanchâtres, sans odeur, visqueuses et sans douleur va varier au cours du mois.

La flore vaginale normale est composée de bactéries non-pathogènes. En effet, ces dernières sont nécessaires pour maintenir un pH adéquat et une microflore protectrice. Or, il arrive que ce milieu habituellement parfaitement équilibré soit débalancé. Il en résultera ainsi divers symptômes inconfortables chez la femme.

Prévalence : 75 % des femmes souffrent d’une vaginite au moins une fois dans leur vie et 40-45 % en présenteront plus qu’une durant une année.

Pathophysiologie de la vulvovaginite à Candida :
La vulvovaginite à Candida est une inflammation allant du vagin jusqu’à la vulve. Cette dernière apparaît généralement lorsqu’un facteur externe (i : antibiotique, stress, grossesse, diabète mal contrôlé, etc.) vient déséquilibrer la flore normale du vagin. Ceci donne l’opportunité à certaines bactéries normalement présentes en petite quantité au niveau du vagin, comme le Candida, de proliférer et ainsi causer une vaginite.

Il existe 4 grandes catégories de vaginites :

  1. Vulvovaginite à levure ou vulvovaginite à Candida
  2. Vaginose
  3. Vaginite à trichomonas
  4. Autres types (atrophique , d’origine mécanique et d’origine chimique .

Vulvovaginite à levuresVaginoseVaginite à trichomonas
Principal pathogène impliquéCandida albican
(une levure = fongique)
Gardnerella vaginalis
(une bactérie)
Trichomonas vaginalis
(une ITS)
PertesBlanches
Épaisses
Grumeleuses (fromage cottage)
Blanc grisâtre
Crémeuse
Abondantes
Jaune vert
Mousseuses
Très abondantes
OdeurAbsenceOdeur de poissonParfois
DouleurPossible aux relations sexuellesInconfort vaginal + +Parfois (peut être asymptomatique)
DémangeaisonsPrurit intenseAbsenceParfois
BrûlureOuiNonÀ la miction
Consultation médicaleNon compliquée : Prise en charge par le pharmacien
Si compliquée : Nécessite une consultation au médecin
Oui
Nécessite un diagnostic par le médecin
Oui
Nécessite un diagnostic par le médecin
Les partenaires sexuels doivent également être traités


Mises en garde

Fièvre, déshydratation, douleurs abdominales ou pelviennes, saignements vaginaux anormaux, vomissements

Pertes vaginales non-blanchâtres (jaunes, vertes, grises), odeur de poisson, fissures, éruptions cutanées vaginales

Association avec dysurie, nycturie, hématurie et incontinence

Populations particulières qui doivent consulter un médecin

  • Le premier épisode à vie doit toujours être investigué (diagnostic par un médecin)
  • Vulvovaginite chez une patiente non pubère (majoritairement sous l’âge de 14 ans)
  • Femme enceinte
  • Personne diabétique
  • Personne immunosupprimée
  • Personne atteinte de VIH
  • Personne ayant un nouveau partenaire sexuel ou à risque d’ITS
  • Personne ne répondant pas au traitement de vente libre
  • Personne faisant plus de quatre épisodes par année
  • Personne présentant des symptômes de vulvovaginite moins de 2 mois après le dernier épisode

Traitements

Vulvovaginite à levure
L’efficacité des traitements topiques vs les traitements oraux est jugée similaire. Ils sont tous les deux des traitements de première ligne pour les vulvovaginites à levures.

MédicamentFormats disponiblesDescription
FluconazoleCapsule de 150 mg (Annexe II)

Capsule orale + Crème externe
Posologie :

  • Capsule seule : Prendre 1 capsule de 150 mg STAT en mangeant (avec prise d’une deuxième dose PRN après 72 heures)

  • Capsule + crème : Prendre 1 capsule de 150 mg STAT en mangeant (avec prise d’une deuxième dose PRN après 72 heures) et appliquer la crème externe au niveau de la vulve DIE à BID PRN

  • ** L’avantage de la combinaison avec crème externe est d’offrir un soulagement plus immédiat des démangeaisons et des irritations. En plus de contenir un antifongique, la crème apaise la peau par sa texture et le froid qu’elle dégage lors de son application. Par contre, chez certaines patientes, l’application d’azole peut exacerber le prurit et l’échauffement.

Précautions en vente libre chez :

  • Jeunes femmes de moins de 14 ans

  • Patiente à lourd dossier pharmacologique

  • Femmes enceintes et qui allaitent

Efficacité : Médicament bien toléré et bonne efficacité contre Candida. Efficacité comparable à la crème vaginale. Soulagement des symptômes habituellement après 48-72h.

Tolérance : Peu ou pas d’effets indésirables. Possibilité de nausées, céphalées, douleurs abdominales, dyspepsies et étourdissements.

Adhésion : La prise orale unique fait que ce traitement est simple et rapide. Ceci favorise l’observance comparativement à la crème de clotrimazole et miconazole.
ClotrimazoleCrème 1% 5 g (applicateur)

Crème 2% 5 g (applicateur) ou co vaginal 200 mg

Crème 10% 5 g (applicateur) ou co vaginal 500 mg

Posologie clotrimazole :

  • Crème 1% : Appliquer intra-vaginal et au niveau de la vuvle DIE HS pour 6 jours

  • Crème 2 % : Appliquer intra-vaginal et au niveau de la vulve DIE HS pour 3 jours

  • Crème 10 % : Appliquer intra-vaginal et au niveau de la vulve DIE HS pour 1 jours

Posologie miconazole :

  • Crème 2 % : Appliquer intra-vaginal et au niveau de la vulve DIE HS pour 7 jours

  • Crème 4 % : Appliquer intra-vaginal et au niveau de la vulve DIE HS pour 3 jours

** Le clotrimazole et le miconazole font partie de la même classe de médicament, soit les azoles. Leur efficacité serait similaire lorsque leur utilisation est adéquate. Ces deux molécules sont commercialisées sous différentes marques. *** Il est à noter que l’application HS permet à la crème d’être en contact plus longtemps avec la muqueuse vaginale et diminue les écoulements ce qui augmente son efficacité.

  • Traitement 1 jour :
    • À favoriser lorsque la patiente est à risque de ne pas être observante au traitement.

    • Autrement, la crème à application 1 jour est très concentrée et est la plus irritante pour la femme, donc devrait être évitée.

  • Traitement 3 jours :
    • Traitement de choix pour l’ensemble de la population.

  • Traitement 6 jours (clotrimazole) ou 7 jours (miconazole) :
    • À favoriser chez les femmes enceintes.


    Efficacité : Les trois formulations sont toutes aussi efficaces les unes que les autres.

    Tolérance : Il n’y a pratiquement aucune absorption systémique suite à l’utilisation de ces crèmes. Ainsi, l’effet indésirable majeur est l’irritation locale. Cette dernière serait probablement liée à la dose. En effet, plus le traitement est court, plus le produit est concentré, donc plus il est à risque de devenir irritant. Ainsi, les traitements de 6 jours sont les mieux tolérés.

    Adhésion : D’autre part, les formulations de 1 et 3 jours pourraient être préférées afin de faciliter l’observance et l’adhésion.
    MiconazoleCrème 2% 5g (applicateur) ou co vaginal 100 mg

    Crème 4% 5 g (applicateur) ou co vaginal 400 mg

    Co vaginal 1200 mg

    Crème de corticostéroïde
    L’hydrocortisone 0,5 % ne traite pas la vulvovaginite, mais peut être utilisée en début de traitement pour réduire les symptômes dû à l’irritation locale, soit les démangeaisons. Elle doit toutefois être utilisée avec prudence puisque l’hydrocortisone peut réduire l’efficacité des azoles. L’hydrocortisone doit donc être utilisée seulement lorsqu’un autre traitement est initié et ne doit pas être insérée dans le vagin (seulement au niveau de la vulve).

    Comparatif crème, ovule + crème vs combipack
    L’efficacité de la crème et du comprimé vaginal est comparable. La différence est au niveau de l’écoulement : le comprimé aurait moins tendance à s’écouler. Le comprimé est donc préféré par certaines femmes en raison de sa commodité et de sa propreté. Quant au combipack, il contient l’ovule ou la crème avec applicateur ainsi qu’une crème externe. La crème externe est utilisée en appoint pour soulager les démangeaisons externes.

    Vaginose bactérienne
    Une option de traitement pour la vaginose bactérienne est maintenant disponible en vente libre depuis peu, soit l’acide L-lactique. Ce produit stipule être efficace pour réduire les odeurs et améliorer la consistance des pertes vaginales. La femme doit l’appliquer intra-vaginale pour une période de 7 jours
    à l’aide d’un applicateur qui est déjà prérempli. Cependant, ce produit n’a pas été beaucoup étudié. Ainsi, si aucune amélioration des symptômes en 72 heures, ou encore si aucune résolution en 7 jours, une consultation médicale est de mise.

    1. Qu’est-ce que le pharmacien peut prescrire ? (Loi 41 et 31)

    Le pharmacien peut represcrire le traitement pour la vulvoganitite à Candida chez une femme ayant déjà reçu un diagnostic pour cette condition. La prescription doit dater de moins de 5 ans. Cette represcription est valable uniquement pour les cas de vaginites à levures ne présentant pas de critères de référence médicale. Des algorithmes sont disponibles afin d’éclairer le pharmacien quant à cette décision. D’autres traitements qui n’ont pas été mentionnés plus haut puisqu’ils se situent dans l’annexe 1 pourront être represcrits selon les conditions à l’aide d’une prescription initiale, comme le terconazole.

    De plus, avec la loi 31, le pharmacien peut maintenant prescrire des médicaments de vente libre. Un pharmacien pourrait donc décider de prescrire tous les traitements MVL discutés plus haut (autant annexe 2, 3 ou hors-annexe). De cette façon, la patiente pourrait ne pas avoir à payer les taxes et le produit pourrait potentiellement être partiellement couvert par son assurance. De plus, cela assure une sécurité et un certain suivi par le pharmacien.

    2. Un mot sur le traitement suppressif en prophylaxie

    Chez les patientes ayant de vulvogaginites à répétition, soit plus de 4 fois et plus par année, le médecin peut prescrire un traitement suppressif. Il faudra consulter votre médecin afin de voir si ce traitement vous convient.

    3. Questions fréquemment posées

    Dois-je continuer le traitement intra-vaginal même si j’ai mes règles et puis-je utiliser un tampon ?
    Oui, le traitement peut (et doit) être continué. Cependant, l’utilisation des tampons n’est pas conseillée étant donné qu’ils peuvent être irritants et absorber le produit. Cela réduirait ainsi son efficacité.

    Est-ce que le traitement entrave ma contraception ?
    Non, le traitement ne diminue pas l’efficacité des contraceptions hormonales. Par contre, les crèmes peuvent diminuer l’efficacité des condoms, capes cervicales, diaphragmes et spermicides pendant tout le temps du traitement et jusqu’à 3 jours suivants.

    Est-ce que je continue le traitement même si les symptômes disparaissent ?
    Oui. Il est important de continuer le traitement pour toute la durée prescrite. Ce n’est pas parce qu’il y a disparition des symptômes qu’il y a disparition du pathogène. Ainsi, il faut le faire au complet afin d’éviter les récidives et les résistances.

    Est-ce que je peux le transmettre à mon partenaire lors de relations sexuelles ?
    Oui, cela est possible, mais n’est généralement pas considérée comme une maladie transmise sexuellement. Les partenaires ne sont pas traités d’emblée. Le traitement du partenaire sera envisagé en cas de vuvlovaginite récurrente chez la femme.

    Puis-je continuer d’avoir des relations sexuelles pendant le traitement ?
    Oui, cela n’est pas contre-indiqué, mais la présence de douleur et d'inconfort est fort possible. Cependant, si un traitement intravaginal est utilisé, le mettre après la relation sexuelle.


    Mesures non-pharmacologiques
    • Contrôle des symptômes
      • Utilisation de compresses fraîches afin de soulager les démangeaisons
      • Lingette hamamélis
      • Porter des vêtements amples
      • Bains de siège
    • Prévention
      • Avoir une bonne hygiène personnelle.
      • Éviter les sous-vêtements colorés et faits de tissu synthétique pour plutôt favoriser les sous-vêtements de coton blanc
      • Éviter les douches et les déodorants vaginaux
      • Éviter les savons et produits de bain parfumés
      • Bien assécher la région vaginale après un exercice physique, un bain/douche ou une baignade.
      • Éviter le port de vêtements serrés, mais porter des pantalons amples
      • Changer de tampon ou de serviette hygiénique régulièrement
    • Facteurs augmentant le risque
      • Prise d’antibiotiques
      • Contraception hormonale
      • Diabète mal contrôlé
      • Prise de spa régulièrement
      • Stress
      • Grossesse
    • Un mot sur les probiotiques vaginaux
      • Pas de bénéfices clairs. Pas de contre-indications à les tenter, mais ceux-ci sont souvent très coûteux.


    Suivi
    1. Temps pour amélioration des symptômes : Amélioration en 72 heures
    2. Temps pour guérison : Disparition totale des symptômes après 7 jours peu importe la durée du traitement utilisée. Les traitements de 1 ou 3 jours ne guérissent pas plus rapidement.
    3. Quand consulter selon le temps
      • Si aucune amélioration en 72 heures
      • Si aggravation des symptômes malgré le traitement
      • Si apparition de critères de référence médicale
      Auteurs

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      Juliette Samson


      Laurie Lajoie